Run!!! 6 eme partie
Sortant
de la cabine, je vérifiais les deux côtés du couloir.
J’avançais, puis me plantais
devant l’entrée.
-Nous
y sommes, dit-elle. La porte devant toi mène à la pièce ou se trouve notre
cible. J’ai le code mais n’importe qui pourrait t’attendre de l’autre côté sans
que je le sache.
-Quoi ?grognais-je.
Tu peux pas obtenir une image tridéo des caméras à l’intérieur ?
la Matrice.-Désolé,
mais c’est impossible. Elles sont sur un réseau interne, non relié à la Matrice!
-Merde.
-Koala
non plus ne peut voir l’intérieur de cette pièce, ajouta BamBou. Un bouclier
magique m’empêche de pénétrer sous ma forme astrale.
Inspirant à fond à nouveau, je
me décidais.
-Très
bien, c’est l’heure du spectacle. Je vais peut-être enfin avoir du boulot.
Couvrez le couloir et l’ascenseur pendant que je vais chercher la cible.
Suivant
les instructions de Tess, je composais le code d’ouverture de la porte. Devant
moi étaient alignés une rangée de microscopes high-tech, au dessus desquels on
avait stocké dans des armoires cryogéniques transparentes des séries de tubes
et d’éprouvettes étiquetées. Chaque bureau avait son propre cyberdeck, relié à
un terminal qui trônait au milieu de la pièce.
J’avançais
prudemment vers l’ordinateur central, quand un truc en métal s’enfonça comme
une lance dans mon dos. Mes réflexes câblés prirent le relais : je roulais
à toute vitesse en avant pour accompagner l’impact, me retrouvant à genoux face
à mon agresseur, mon arme à la main. Mais celui-ci devait aussi bénéficier
d’une vitesse supérieure à la normale, car il m’avait suivi et se tenait juste
devant moi. Il portait un uniforme classique de la sécurité, avec le symbole de
Shiawase brodé sur la poitrine : deux cercles à l’intérieur d’un
troisième. Le type était grand, avec des cheveux noirs et une peau sombre. Il pointa
son fusil Remington sur ma tête.
-Saleté
de runner. Je te suggère de poser ton flingue et de rester à genoux.
Je
jurais entre mes dents. Le type avait dû m’entendre parler depuis l’autre côté
de la porte, et avait attendu bien caché derrière que je rentre. Je m’étais
fais avoir comme un débutant. Et ça, ça me déplu immédiatement. J’avais les
boules, et quelqu’un allait morfler. J’obéis néanmoins à ses
instructions : il tenait un fusil d’assaut.
-Fais
glisser le flingue par ici, mon mignon.
Je
m’exécutais. Vas-y avance encore un peu,
abruti.
Le pistolet s’arrêta quinze
centimètres devant le garde. Il sourit et se pencha pour le ramasser.
-Ouaouh !
Un Ares Prédator II ? Mais tu sais t’en servir au moins ?
Je
décidais de le provoquer, pour qu’il s’approche un peu plus
On savait que la politique de
Shiawase était de prendre les runners vivants et de les confier à la police
locale. Leurs gardes étaient armés de fléchettes paralysantes. Donc je jouais
pas ma vie, mais en tout cas un bon séjour en tôle. Sans compter que s’ils
réussissaient à me faire parler, mes potes runners tomberaient aussi.
Je
lui lançais donc un regard de défi.
-J’en
sais certainement plus que toi sur les armes, mongolien !
Il perdit toute envie de
sourire. Il se mit devant moi, posa le canon de son fusil mitrailleur sur mon
front, tout en sortant un émetteur semblable au mien. C’était le moment que
j’attendais.
La
seule amélioration majeure que j’avais subie à l’armée était en rapport avec
mon job d’infiltré dans les lignes ennemies. On m’avait posé des émetteurs
électriques à intervalles réguliers sous mon épiderme, ainsi qu’une petite
batterie, le tout relié à mon système nerveux. Le canon du garde était appuyé
juste sur ma peau. Alors je décidais d’envoyer la sauce.
Une décharge électrique parcourut la surface
de mon corps, couru le long de l’arme du soldat de chez Shiawase, et traversa
la faible protection que lui offraient ses gants en tissu. Les milliers de
volts le mirent hors d’état de nuire. Il s’écroula sur le sol, avant d’avoir pu
appeler la cavalerie. Nik Statik, mec. Voilà pourquoi.
Souriant
d’un air mauvais, je me relevais.
-T’y
connais que dalle, pauvre amateur ! Ca t’apprendra à pas trop t’approcher.
Sans
lui accorder un autre coup d’œil, je m’approchais du terminal informatique.
Sortant une clé multi usages de ma poche, je démontais le panneau d’accès aux
disques durs. Repérant le disque principal, je le dévissais, puis le fourrais
dans ma poche. Satisfait, je me relevais, mais la voix de Tesla Girl crépita
dans mon récepteur :
-Qu’est
ce que t’as foutu ? Le complexe vient de s’illuminer comme à la fête
foraine, et l’alerte rouge vient de se lancer !
L’alarme
se mit alors à hurler. Merde. Là, ça sentait pas bon.
la Matrice. DeCe
qu’on ne savait pas sur le moment, mais qui nous sembla ensuite la seule
explication plausible, c’était que l’ordinateur devait être relié au central
sécurité par leur réseau interne. Lorsque j’ai enlevé le disque dur de données,
l’alarme s’est déclenchée. Le signal a été envoyé par leur intranet, ce qui
expliquerait pourquoi Tesla Girl n’avait pas pu le détecter via la Matrice deplus la
présence de ce réseau local n’apparaissait pas sur les plans fournis par Ager.
On ne pouvait donc pas savoir. Merci à Môssieur William Ager pour cet
« oubli »…
En
tout cas ce que je savais sur le moment, c’était qu’il fallait se casser.
Ramassant mon flingue, je courus vers la porte ouverte, demandant à mes anges
gardiens si la voie était libre.
-Tous
les ascenseurs sont bloqués au rez de chaussée, cria Tesla Girl. Fais une croix
dessus Nik ! Je dois lutter contre leur système anti-intrusion et les GLACES
pour agir sur leur réseau. Ca va devenir
compliqué pour te guider. Je ne contrôle même plus les élévateurs !
Super.
L’alarme me hurlait dans les oreilles, couvrant les bruits que pourraient faire
les gardes qui viendraient. Je devais gueuler pour me faire entendre :
-BamBou,
vas voir dans les escaliers ! C’est
ma seule issue pour descendre !
Toujours
dans le plan astral, j’espérais que le chaman allait vérifier vite. Dans ce job
(comme dans l’armée) la réactivité fait souvent la différence entre la vie et
la mort. Heureusement, il était réveillé, et apparemment en colère. Sa voix
vibrait de frustration :
-Les
escaliers sont pleins de gars de la sécu ! Ils montent les étages !
Rien à espérer de ce côté-là. Tire-toi de là, Nik !!
Sortant
dans le couloir, je fis rapidement le bilan de la situation.
1- ascenseurs et
élévateurs bloqués, impossible de redescendre par là
2- escaliers pleins de
gardes montant vers mon étage, imposible de redescendre par là.
3- Tesla Girl trop
occupée à se défaire des systèmes de sécurité qui lui déferlaient dessus depuis
la matrice.
4- BamBou ne pouvait pas
s’occuper de dizaines de gardes corpos.
Attends, mais pourquoi
descendre ? Il ne restait plus qu’une façon de finir le boulot : le
temps des pruneaux était venu. Je n’avais pas idée du nombre de gardes qui
allaient se pointer. Et j’allais pas prendre le risque d’attendre pour les
compter. La seule solution consistait à
monter pour fuir les méchants. En espérant qu’un de mes anges gardiens trouve
un moyen de me donner un coup de main. Ou qu’une idée géniale me traverse le
ciboulot.
Mais
avant que je parvienne à me remémorer le plan des derniers étages du bâtiment,
le DING de sonnerie de l’ascenseur retentit. Je replongeais dans la salle du
moniteur principal, et m’accroupis dos au mur. Jetant un coup d’œil, je vis
quatre gardes de la sécurité (deux types et deux femmes) sortir de la cabine,
les armes à la main. Ils se séparèrent en deux, l’un vers la droite, l’autre
vers la gauche. Quelque chose siffla près de mon oreille et troua le mur.
Voilà
qui répondait à deux questions :
-M’avaient-ils vu me planquer ?
Oui…
-Utilisaient-ils toujours des
fléchettes paralysantes ? Non…