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Les contes des temps
20 mai 2007

Run!!! 6 eme partie

Sortant de la cabine, je vérifiais les deux côtés du couloir. 

-A ta gauche, Nik, me guida Tesla Girl. C’est la seconde porte.

J’avançais, puis me plantais devant l’entrée.

-Nous y sommes, dit-elle. La porte devant toi mène à la pièce ou se trouve notre cible. J’ai le code mais n’importe qui pourrait t’attendre de l’autre côté sans que je le sache.

-Quoi ?grognais-je. Tu peux pas obtenir une image tridéo des caméras à l’intérieur ?

la Matrice.-Désolé, mais c’est impossible. Elles sont sur un réseau interne, non relié à la  Matrice!

 -Merde.

 -Koala non plus ne peut voir l’intérieur de cette pièce, ajouta BamBou. Un bouclier magique m’empêche de pénétrer sous ma forme astrale.

Inspirant à fond à nouveau, je me décidais.

-Très bien, c’est l’heure du spectacle. Je vais peut-être enfin avoir du boulot. Couvrez le couloir et l’ascenseur pendant que je vais chercher la cible.

Suivant les instructions de Tess, je composais le code d’ouverture de la porte. Devant moi étaient alignés une rangée de microscopes high-tech, au dessus desquels on avait stocké dans des armoires cryogéniques transparentes des séries de tubes et d’éprouvettes étiquetées. Chaque bureau avait son propre cyberdeck, relié à un terminal qui trônait au milieu de la pièce.

J’avançais prudemment vers l’ordinateur central, quand un truc en métal s’enfonça comme une lance dans mon dos. Mes réflexes câblés prirent le relais : je roulais à toute vitesse en avant pour accompagner l’impact, me retrouvant à genoux face à mon agresseur, mon arme à la main. Mais celui-ci devait aussi bénéficier d’une vitesse supérieure à la normale, car il m’avait suivi et se tenait juste devant moi. Il portait un uniforme classique de la sécurité, avec le symbole de Shiawase brodé sur la poitrine : deux cercles à l’intérieur d’un troisième. Le type était grand, avec des cheveux noirs et une peau sombre. Il pointa son fusil Remington sur ma tête.

-Saleté de runner. Je te suggère de poser ton flingue et de rester à genoux.

 

 Je jurais entre mes dents. Le type avait dû m’entendre parler depuis l’autre côté de la porte, et avait attendu bien caché derrière que je rentre. Je m’étais fais avoir comme un débutant. Et ça, ça me déplu immédiatement. J’avais les boules, et quelqu’un allait morfler. J’obéis néanmoins à ses instructions : il tenait un fusil d’assaut.

 -Fais glisser le flingue par ici, mon mignon.

 Je m’exécutais. Vas-y avance encore un peu, abruti.

Le pistolet s’arrêta quinze centimètres devant le garde. Il sourit et se pencha pour le ramasser.

 -Ouaouh ! Un Ares Prédator II ? Mais tu sais t’en servir au moins ?

 Je décidais de le provoquer, pour qu’il s’approche un peu plus

On savait que la politique de Shiawase était de prendre les runners vivants et de les confier à la police locale. Leurs gardes étaient armés de fléchettes paralysantes. Donc je jouais pas ma vie, mais en tout cas un bon séjour en tôle. Sans compter que s’ils réussissaient à me faire parler, mes potes runners tomberaient aussi.

Je lui lançais donc un regard de défi.

 -J’en sais certainement plus que toi sur les armes, mongolien !

Il perdit toute envie de sourire. Il se mit devant moi, posa le canon de son fusil mitrailleur sur mon front, tout en sortant un émetteur semblable au mien. C’était le moment que j’attendais.

 

  La seule amélioration majeure que j’avais subie à l’armée était en rapport avec mon job d’infiltré dans les lignes ennemies. On m’avait posé des émetteurs électriques à intervalles réguliers sous mon épiderme, ainsi qu’une petite batterie, le tout relié à mon système nerveux. Le canon du garde était appuyé juste sur ma peau. Alors je décidais d’envoyer la sauce.

 Une décharge électrique parcourut la surface de mon corps, couru le long de l’arme du soldat de chez Shiawase, et traversa la faible protection que lui offraient ses gants en tissu. Les milliers de volts le mirent hors d’état de nuire. Il s’écroula sur le sol, avant d’avoir pu appeler la cavalerie. Nik Statik, mec. Voilà pourquoi.

Souriant d’un air mauvais, je me relevais.

-T’y connais que dalle, pauvre amateur ! Ca t’apprendra à pas trop t’approcher.

Sans lui accorder un autre coup d’œil, je m’approchais du terminal informatique. Sortant une clé multi usages de ma poche, je démontais le panneau d’accès aux disques durs. Repérant le disque principal, je le dévissais, puis le fourrais dans ma poche. Satisfait, je me relevais, mais la voix de Tesla Girl crépita dans mon récepteur :

-Qu’est ce que t’as foutu ? Le complexe vient de s’illuminer comme à la fête foraine, et l’alerte rouge vient de se lancer !

L’alarme se mit alors à hurler. Merde. Là, ça sentait pas bon.

la Matrice. DeCe qu’on ne savait pas sur le moment, mais qui nous sembla ensuite la seule explication plausible, c’était que l’ordinateur devait être relié au central sécurité par leur réseau interne. Lorsque j’ai enlevé le disque dur de données, l’alarme s’est déclenchée. Le signal a été envoyé par leur intranet, ce qui expliquerait pourquoi Tesla Girl n’avait pas pu le détecter via la Matrice deplus la présence de ce réseau local n’apparaissait pas sur les plans fournis par Ager. On ne pouvait donc pas savoir. Merci à Môssieur William Ager pour cet « oubli »…

 

En tout cas ce que je savais sur le moment, c’était qu’il fallait se casser. Ramassant mon flingue, je courus vers la porte ouverte, demandant à mes anges gardiens si la voie était libre.

-Tous les ascenseurs sont bloqués au rez de chaussée, cria Tesla Girl. Fais une croix dessus Nik ! Je dois lutter contre leur système anti-intrusion et les GLACES  pour agir sur leur réseau. Ca va devenir compliqué pour te guider. Je ne contrôle même plus les élévateurs !

Super. L’alarme me hurlait dans les oreilles, couvrant les bruits que pourraient faire les gardes qui viendraient. Je devais gueuler pour me faire entendre :

-BamBou, vas voir dans les escaliers ! C’est ma seule issue pour descendre !

Toujours dans le plan astral, j’espérais que le chaman allait vérifier vite. Dans ce job (comme dans l’armée) la réactivité fait souvent la différence entre la vie et la mort. Heureusement, il était réveillé, et apparemment en colère. Sa voix vibrait de frustration :

-Les escaliers sont pleins de gars de la sécu ! Ils montent les étages ! Rien à espérer de ce côté-là. Tire-toi de là, Nik !!

Sortant dans le couloir, je fis rapidement le bilan de la situation.

1- ascenseurs et élévateurs bloqués, impossible de redescendre par là

2- escaliers pleins de gardes montant vers mon étage, imposible de redescendre par là.

3- Tesla Girl trop occupée à se défaire des systèmes de sécurité qui lui déferlaient dessus depuis la matrice.

4- BamBou ne pouvait pas s’occuper de dizaines de gardes corpos.

 

Attends, mais pourquoi descendre ? Il ne restait plus qu’une façon de finir le boulot : le temps des pruneaux était venu. Je n’avais pas idée du nombre de gardes qui allaient se pointer. Et j’allais pas prendre le risque d’attendre pour les compter.  La seule solution consistait à monter pour fuir les méchants. En espérant qu’un de mes anges gardiens trouve un moyen de me donner un coup de main. Ou qu’une idée géniale me traverse le ciboulot.

 Mais avant que je parvienne à me remémorer le plan des derniers étages du bâtiment, le DING de sonnerie de l’ascenseur retentit. Je replongeais dans la salle du moniteur principal, et m’accroupis dos au mur. Jetant un coup d’œil, je vis quatre gardes de la sécurité (deux types et deux femmes) sortir de la cabine, les armes à la main. Ils se séparèrent en deux, l’un vers la droite, l’autre vers la gauche. Quelque chose siffla près de mon oreille et troua le mur.

 Voilà qui répondait à deux questions :

-M’avaient-ils vu me planquer ? Oui…

-Utilisaient-ils toujours des fléchettes paralysantes ? Non…

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