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Les contes des temps
22 mai 2007

Run!!! 1ere partie

 Run !


 

« Les shadowrunners commettent des délits, généralement pour de l’argent. Quand une corporation a besoin de quelqu’un pour faire un sale boulot, elle se tourne vers les ombres. Les runners constituent des outils avantageux car sans papier (illégaux)… et donc jetables. »

Captain Chaos pour Shadowland BBS.

 

 

 

On dit qu’une bonne shadowrun est celle dont on se tire vivant. Entièrement d’accord, surtout quand c’est une qui se passe loin de chez toi et de tes potes (Seattle n’est pas exactement à côté de Paris pas vrai ?).Si à la fin du run t’es toujours vivant et pas emprisonné par les corpos ou les sheriffs locaux, alors tu pourras prendre le prochain boulot et espérer que cette fois tu toucheras le blé que t’espérais claquer (Faut bien payer les factures). Bon, moi, c’est vrai, je ne paye pas de loyer : je suis en vacances chez mes potes ricains. Là où ils vivent, dans le quartier chaud de Seattle, ce n’est pas vraiment un coin select. Mais les flingueurs locaux évitent de racketter un groupe d’anciens soldats des Euro-Forces. Mais faut quand même avoir de quoi se rincer la glotte et grailler un bout, hein ? Et j’te parle même pas du max de pognon que ça coûte de se tenir à jour dans les armes de pointe, le cyberware, les protections magiques et tous ces trucs-là. En plus il me fallait rentrer au pays avec un peu de bénef en poche, sinon mon honneur en aurait prit un coup.

 

 

Ca avait commencé comme d’habitude par un mail sur la messagerie shadowland de mes ex-collègues. Ca m’arrive pas de chercher moi-même mes boulots ici. Pourquoi ? Je viens de Panam, et en 2060, les français et les ricains sont toujours à couteaux tirés, et je peux vous garantir que les gars du coin sont plutôt équipés en lames ! Les « samouraïs des rues » américains ont tendance à se charger en chrome, affichant plus de métal qu’une voiture. Bon, ok, dans l’armée on était pas mal non plus.

 Les « samouraïs des rues » sont les combattants de l’équipe de runners. Implants ou membres cybernétiques, musculature génétiquement améliorée, réflexes électroniquement augmentés, interface câblée de tir, etc. La liste des améliorations possible est longue.

Donc on était dans la planque de mes amis (Mark, Big Ben, Iron Queen, et les autres…) en train de feuilleter  les pages virtuelles du dernier magazine on-line d’Ares-Macrotechnology. Tout le monde sait  qu’Ares vend  les meilleures pétoires du marché. La conversation était passionnée (tu m’étonnes : donne le catalogue des jouets de Noël le 24 décembre au matin à un groupe de gamins et t’auras une idée de l’état dans lequel on était). En plus je les chauffais un peu en vantant les mérites du dernier Famas, « bien plus efficace que vos pistolets à bouchon ! ». Bref on se marrait bien en repérant un flingue ou deux qui valaient vraiment le coup mais que je ne pouvais pas me payer…à moins de me trouver un job avec un bon gros créditube à la clé.

 

Chance, le mail m’était destiné : il proposait un run, et indiquait le nom de l’employeur ainsi que l’endroit pour un rendez-vous  préliminaire avec le Johnson – c’est comme ça qu’ils appellent ici les types qui emploient les runners. Je contactais immédiatement depuis mon cyberdeck une ancienne associée, Tesla Girl.
Elle est une decker, un pirate informatique surfant sur l’océan de données mondiale,la Matrice.En 2060, internet a disparu, évolué en une base de données bien plus complexe. Grâce à un système de projection neurale, ton corps (dont tu peux choisir l’aspect) navigue au milieu des données représentées graphiquement en trois dimensions. Tout prend vie : infos, bâtiments, utilisateurs, systèmes de sécurité, virus, anti-virus, et bien sûr les GLACES (Générateur de Logiciels Anti-intrusion par Contre-mesures Electroniques, l’ennemi de nos potes deckers). Seul inconvénient : ce que tu vis dans

la Matrice

se répercute sur ton système nerveux et cérébral (exemple : prendre une balle dans la tête dans

la Matrice

ne tuera pas ton corps physique mais ton esprit croira vraiment que tu l’as prise, et tu risque l’arrêt cardiaque ou le coma…).

la MatriceDonc,lorsque j’appelais mon amie decker , l’écran plat du salon s’alluma seul, et l’image de Tesla Girl remplit la totalité de l’écran. Son avatar sur la Matrice avait son visage, avec des yeux lançant des éclairs, et des fringues multi-poches, d’où semblait sortir de chacune de l’énergie électrique. Sa trombine d’elfe avec ses oreilles pointues se rapprocha de l’écran, et son sourire sembla remplir la totalité du moniteur.

« Nicolas, mon froggy préféré ! cria Tesla Girl. Et toute la clique avec lui ! Salut les gars ! En pleine activité je vois… »

Un concert de grognements mêlés à quelques remarques sur ses oreilles fusèrent du groupe assis dans la pièce. Mais l’elfe ne se départit pas de son sourire éclatant, regardant tour à tour ses anciens compagnons d’arme.

« Hoï, Tesla Girl. J’ai besoin que tu te renseignes sur un type, un Johnson, lui demandai-je. On a peut-être du travail. »

L’avatar de Tesla Girl (son vrai prénom c’est Svetlana, mais à moins de vouloir finir grillé dès que tu toucheras à un appareil électrique, tu l’appelles Tesla Girl) s’éloigna sur l’écran, dans le flot de données de

la Matrice. Toujours souriante elle mit ses mains dans ses poches.

« Toujours un temps de retard hein, les gros ? J’ai lu le mail que t’as reçu, et j’les ai déjà tes infos. »

Aussitôt un de mes potes, Mark (aussi appelé British Bulldog), s’approcha, l’air mauvais :

« De quoi ? Tu surveilles notre conection ? Tu mates nos mails ? »

Sourire Colgate à la con en réponse…

« Bordel, mais on avait renforcé la sécurité pourtant !  » Un éclat de rire soudain derrière nous le fit repartir vers les autres, qui apparemment s’en foutaient complet.
 

 Je me retournais vers elle : «  Alors qui paye et combien ? »

« Une méga-corporation ! » répondit-elle. Je m’avançais vers le moniteur pour l’éteindre. J’ai jamais compris cette folie propre aux deckers : plus le piratage est gros (donc les probabilités de se faire griller le ciboulot), plus ils sont motivés.

Une méga-corpo ? Les corporations sont des sociétés regroupant des entreprises diverses, et bénéficiant de leur propre service de sécurité. Elles exploitent, spolient, violent des lois, etc… Seule dix corpos dans le monde sont suffisamment puissantes pour s’offrir le préfixe méga. Leur service de sécurité constitue les armées les plus efficaces au monde. Un run contre eux ? Du suicide quoi… Au moment où mon doigt s’apprêtait à appuyer sur le bouton « Off » de l’écran, elle cessa de sourire :

« Ecoute au moins avant de raccrocher. J’ai fouillé un peu l’identité de ton employeur, et ce Johnson n’est pas n’importe qui. Sous cette fausse identité se cache en fait William Ager. Ce gars est le responsable des Ressources Extraordinaires chez Novatech. »

Oaouh ! Ager ? Le type recrute des shadowrunners pour sa boîte, quand le boulot à faire est trop sale pour ses Forces Spéciales. Il paye bien, et jouit d’une bonne réputation dans le coin, pour un corpo. Pas de coups fourrés, il paraît. De plus, il choisit que des runners sérieux, du lourd. Et ça, ça fait du bien à mon ego. Que voulez-vous, on se refait pas…

Tesla Girl continuait de parler :

« …garantie d’un compte en banque blindé Nik ! Pleins de nuyens (la nouvelle monnaie mondiale). On peut au moins le rencontrer. »

« Une idée du montant ? De l’équipe dont je vais avoir besoin ?» Je ne voulais pas paraître trop empressé. Tesla Girl était suffisamment maligne pour deviner le solde de mon crédit-compte (ou même craquer le système bancaire français au p’tit déj pour aller le consulter directement), et ça ne l’aurait pas gênée de demander une plus grosse part du gâteau si elle voyait à quel point j’avais besoin d’argent.

« Peu de monde, fit elle. Novatech et Ager ne proposent que des actions discrètes, pas besoin de tonnes de muscles. Ce sont souvent des missions d’extraction, ou de vol. Quand à l’argent, les rumeurs disent que les équipes qu’il a embauchées ont touché le jackpot. Alors, ça t’intéresse ? »

« P’têt bien.» P’têt bien ? Ouaih ! Moi qui me demandais comment j’allais me payer le voyage orbital retour à Paris… et de plus j’ai toujours voulu faire mal au corpos. Alors si je peux les délester d’une belle somme…

Ne vous méprenez pas, je ne suis pas dans le business que pour l’oseille. Il arrive parfois qu’on bosse pour faire quelque chose de bien, voire gratuitement pour certaines causes. Ca reste rare mais ça permet de pouvoir garder la tête haute. Mais si vous croyez que c’est facile pour un ancien soldat des euros-guerres de vivre sans une arme à la main…De plus, bosser dans les ombres permet de frapper des corpos, et ça j’aime bien. Appelez ça de la satisfaction professionnelle.

J’embauchais Tesla Girl dans mon équipe pour ce boulot, lui donnant rendez-vous une heure avant celle fixée par le Johnson, Ager.

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