L'étang de verre: 1ere partie
« Jamais vu des types aussi tétus ! », pensa Prentys entre deux
respirations difficiles. Il était allongé face contre terre, avec
certainement des côtes cassées. Le sang collait sa tunique sombre sur
son coprs. La sueur et le sang se mélangeaient dans sa bouche.
Ca s’annonçait mal dès le début. Son groupe s’était vu
surprendre, puis séparé par une attaque éclair de ce groupe de «
sauveurs ». Il avait pourtant suivi les consignes, et avait joué de
stratégie. Depuis un arbre il avait fait honneur à son maître elfe en
maniant son arc avec précision. Par 3 fois il avait atteint un point
vital du prêtre ennemi !
« Pas possible, il court encore, et avec tout ce métal inutile sur le
dos ». Et ce voleur aussi agile que lui, qui sape sa méthode de
guérilla… « Ca sent pas bon », se dit le vieux roublard. Mais une
douleur plus forte que les autres au niveau des côtes lui ôta toute
conscience le temps de vomir du sang.
Et à ce moment là, il eut autant de douleur que de rage : « je vais vous
montrer pourquoi on m’appelle l’Affûté, hors de question de tomber
devant des gosses ! ». Il dépassa le stade de la douleur, pour être
subitement pleinement conscient de ce qu’il avait à faire.
Il se releva immédiatement d’une poussée efficace des mollets, tout en
saisissant à ses pieds le marteau du prêtre. Bien que cela lui valu
d'aggraver ses blessures et d'augmenter son saignement, il le relança
vers l’ennemi le plus proche : le voleur adverse. Celui–ci avançait
rapidement par bonds successifs de plusieurs mètres, évitant les
branches basses, le regard rivé sur sa cible. D’un bond de côté il
évita le projectile. Prentys ne perdit pas de temps à regarder la
suite, et dans un dernier effort se précipita vers une liane derrière
un arbre, à l’abri des regards de ses deux poursuivants.
Les ombres étaient là , comme toujours pour lui, ses seules amies
depuis plus de 30 ans. Il n’avait qu’à saisir la corde naturelle, et il
sortirait de la ligne de mire de ses adversaires pour prendre de la
hauteur. Sa main et son épaule gagnèrent le confort de la partie
ombragée de l’arbre. Mais au dernier moment le métal froid et familier
d’une dague lui perfora le rein droit, paralysant son côté. Ses jambes
le poussèrent malgré tout vers le haut, plus par volonté propre que par
action réfléchie de sa part, l’habitude certainement. Prentys «
l’affuté » sombra dans l’inconscience, et se dit avant de sombrer dans
le noir accueillant d'un monde sans douleurs : « pourvu que je retombe
dans l’ombre de l’arbre…pourvu que j… ».